Double chant
De façon générale, la question du chant ou du vocal a jalonné toute la recherche.
Au début, il a été question de sculpter le corps par la voix, et de transformer le chant par le corps, dans une sorte de relais et d’inter-influence qui se jouait tant au niveau physique qu’esthétique (comment un geste, une boucle physique convoque un imaginaire particulier qui, une fois reconnu, finit par envahir la production vocale et la faire dériver).
Plus tard, nous nous sommes intéressés aux différentes manières de chanter, et surtout aux différentes fonction du chant, pour ceux qui le produisent et pour ceux qui l’écoutent ; le divertissement, la complainte, la prière, la méditation, la catharsis, l’ennui, le réconfort, la berceuse, la jouissance, la commémoration, la détente, la galvanisation, la communion, …
Après nous être essayés à différentes pratiques de chant, nous avons finalement dû reconnaître que le manque de technique nous bloquait et que ce qui nous intéressait n’était pas tel ou tel type de chant, mais plus leurs fonctions, et que nous pouvions essayer de remplir ces fonctions par d’autres actions engageant d’autres médias. Nous nous sommes petit à petit intéressés à ce qui pourrait "faire chant", produire du concert.
Une des rares pratiques qui nous est restée jusqu’à la fin est le double chant.
Le double chant appartient à toute une série d’exercices qui mettent en pratique la "concertation" ou l’"harmonie discordante", comme Installation/Déstallation, Double feedback, Partitions de mains, Effeuillage, Marathon de mots, Lecture à quatre mains…
A titre d’exemple, voici quelques exercices auxquels nous nous sommes livrés :
Chanter une même chanson en même temps et en changeant sans arrêt de ton, sans être jamais sur le même.
Chanter deux chansons différentes en même temps de manière à ce qu’elles s’harmonisent.
Chanter en unisson, une chanson inventée en temps réel.
Répéter une courte phrase (mots + mélodie) pendant que l’autre délire en contrepoint jusqu’à ce qu’il stabilise un motif. Inverser les rôles et continuer comme une prise de relais.
Dans le même état d’esprit, nous avons aussi écrit des textes à double voix comme "Je fais ce que je dis".